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Par creation et poesie le 25 Mars 2020 à 12:14
À partir de la photo ci-dessous et de mots empruntés au Dictionnaire insolite des mots oubliés (2013) écrire un texte.
Daniel Arsham (Toronto)
Crédit photographique Brigitte Charnier
Noms : cascatelle (nom fém. petite cascade), chasse-ennui (nom masc. ce qui est propre à chasser l’ennui), syrtes (non fém. pluriel sables mouvants, très dangereux pour les navires), tortille ou tortillère (nom fém. allée étroite et tortueuse dans un bois, pour se promener à l’ombre).
Verbe : feuillir (2° gr. se couvrir de feuilles),,affolir (2° gr. devenir fou), (se) gaudir (2° gr.Manifester sa joie) (se réjouir), harper (saisir et serrer avec les mains).
Adjectifs : alouvi (qui éprouve une faim insatiable, dévorante, une faim de loup), éplapourdi (étonné, stupéfait), hurlupé (hérissé, ébouriffé), ubéreux/se (qui produit beaucoup, fécond).
Lorsque l’horloge se transforma en cascatelle, les chasse-ennuis se gaudirent. Plus rien ne semblait comme avant. Les chiffres à moitié-rongés par les gouttelettes s’échappèrent de la domination des aiguilles. Le sol s’était transformé en syrtes ubéreuses et les ondes azurées le striant, éplapourdies, s’affolirent. Elles s’élancèrent hors du cercle du temps, sans un regard pour cette machine alouvie qui les tyrannisaient depuis l’origine. Les chasse-ennuis, hurlupés, avaient bien la ferme intention de les harper afin de découvrir les tortillères en train de feuillir. Ils allaient enfin pouvoir jouer leur rôle et ébaudir l’univers délivré du joug du temps.
Brigitte Charnier alias Margueritte C.
Le temps ronge la vie
Érode son indicateur
À l’image de corps
Qui se soumettent à sa supplication
Cascatelle globique de secondes
Syrtes d’étouffement
Des vies qui se cheminent dans une tortillère
Se dissimulant sous les ombres hésitantes
Chacun hurlupé par ses peurs ubéreuses
À s’affolir, benêts éplapourdis de se gaudir
De harper le comestible des heures
Toujours alouvi, nécessiteux dînant des déchets d’heures
Secondes composants un consommé chasse-ennui
Dans un printemps qui feuillit
Dans un temps de confinement de soi sur soi-même
Grand bonheur, fortune de l’infortune
Jean-Jacques Mazet dit MADIA (mars 2020)
En écho :
Mordue cruellement par le temps, tout à la fois éplapourdie et hurlupée, la jeune fille, alouvie d'émotions, s'engagea dans la tortille pour se gaudir de cette toute nouvelle sensation ubéreuse. Ses pas la conduisirent vers la cascatelle feuillie et elle se gaudit d'y trouver-là le chasse-ennui espéré. Mais tandis qu'elle tentait de le harper, des syrtes s'ouvrirent sous son pied et elle crut affolir : le temps l'avait rattrapée.
Hopay
Chemins perdus et bruissements
Où sont cachées les tortillères,
Où sont enfuies les cascatelles
Jaillies des neiges immaculées,
Qu’est devenu leur doux langage
Ubéreux et cristallin ?
Je reste éplapourdi,
Par leur silence, leur absence,
Affoli un peu plus chaque jour.
Il fut un temps où,
Alouvi par leur présence
Je m’enhardissais
À vouloir les saisir
Harpant à pleines mains
L’air frais du matin.
Mais ce jour là n’est plus,
Des ramures feuillies
J’ai oublié le bruissement,
Se gaudir du soleil et du vent
N’est plus que souvenir.
Des chasse-ennuis
J’ai perdu toute trace,
Mon esprit erre
Aux abords des lagunes,
Se perd dans les mouvances
Des syrtes enjôleurs.
Geneviève Coquard
2 commentaires -
Par creation et poesie le 21 Mars 2020 à 19:43
À partir d'une photo :
Crédit photographique : Brigitte Charnier
l’arbre à pieu
érige ses armes
blessées
loin au loin très
loin la platitude de l’horizon
contraste avec
la verticalité de l’arbre
entre les deux une haie protectrice
quel combat se livrent-ils
là haut, noces du ciel et des nuages
observant le carnage
à venir
mon cœur
pourquoi tant de fureur
balafrent les campagnes
Brigitte Charnier alias Margueritte C.
Platane
Arbre circoncis
Membres émasculés
Désinences foliacées raides sur des avortons noueux
Croissance contrôlée par des esthéticiens d’obédiences contre nature
Dans une espace libre éploré au ciel gris chagrin
Jamais il ne grandira
Acier coupant
Acéré
Cicatrise
Sève
Douloureuse
Infirmité
Tronçonneuse
Écologie punitive
Image d’un corps mutilé, torturé dans son silence muet
Racine
Jean-Jacques Mazet dit Madia
Il attend
Il attend
Que passe le temps
Habitué aux saisons vides
Aux silences longs
Les bras nus
Tendus vers le ciel
Le cœur dans l'écorce
Serré
Les cœurs dans les corps
Noués
Tous immobiles et seuls
À attendre
Que passe le temps
Aline Fernandez
Le platane
Il fut un temps
Où j’étais libre et fier,
Mes ramures majestueuses
Se jouaient de l’azur,
J’accueillais au printemps
Les nids et les oiseaux.
Séduit par ma prestance
L’homme fit de moi
L’hôte de ses jardins,
Je suis devenu sa chose,
Il m’a domestiqué,
Réduit en esclavage,
Il a tronqué mes branches
Pour les rendre dociles.
Je tends vers le ciel gris,
Candélabres sans ors et sans flammes
Les moignons échappés au carnage,
Mes rameaux épargnés, dénudés et sans âme
Je me souviens d’un temps
Où j’étais libre et fier.
Geneviève Coquard
En réponse
Ses moignons dardés contre les nuages de plomb,
Le platane semble arracher de lui sa rage et sa hargne.
Pour dire sa souffrance
Pour affronter le cataclysme.
Pour conjurer l'impensable.
Mais tout au cœur de lui, ses racines gorgées de terre généreuse lui disent que non, rien ne mérite ni la peur ni la colère, encore moins le tourment ni l'inquiétude.
Ainsi va la vie, joli platane. On t'a amputé, on t'a saccagé, mais à l'orée de l'été, ton ramage saura comme hier se faire doux au nid des oiseaux et tendre aux étreintes des amants.
Hopay
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Par creation et poesie le 19 Mars 2020 à 11:55
En écho
Par égard pour elle et pour ne pas la peiner davantage, il prit sur lui de temporiser. Inutile de militer contre la mondialisation, de sortir, tenace, d'arides arguments. Mieux valait au contraire huiler les rouages, jouer de la bombarde et inventer de drolatiques histoires : rien ne peut s'opposer à l'inertie de l'unau, surtout quand il trouve sa mollesse tellement jubilatoire !
Hopay
L’angoisse était tenace. La mondialisation partageait tout, y compris le pire. Les pires comportements, les pires maladies, les pires fake-news. Au milieu de cela, il fallait temporiser, peiner à retrouver le sourire… Les blagues de mauvais goût circulant sur les réseaux sociaux n’avaient souvent rien de jubilatoire, juste un brin drôlatiques parfois….
Dans certains quartier, ils jouaient de la bombarde de leur balcon, il fallait militer pour se donner l’illusion d’être fort contre ce que nous ne maîtrisions absolument pas.
Pour ma part, j’avais peu d’égard pour moi-même, jouant les pleutres, dans la position du unau, me traînant du lit au canapé. Il fallait arriver à huiler ses habitudes à rester chez soi, et mettre à profit l’aridité du moment pour se centrer sur l’essentiel.
Agnès Cognée
Aux armes, citoyens
Il fut un temps où,
Gagné par une mondialisation galopante
Aux rouages bien huilés
Octroyant à certains
Moult profits jubilatoires,
Peiner pour gagner sa croute
Était de rigueur,
Temporiser en attendant demain
Était illusoire,
Militer pour un ordre nouveau,
De première nécessité.
De manifestation violente
En discussions arides,
Les uns avec les autres,
Les uns contre les autres,
Rassemblés en des foules à la colère tenace,
Côte à côte,
Dans une promiscuité réconfortante
Ils clamaient haut et fort
Qu’ils seraient les vainqueurs.
Vint à passer par là,
Cadeau empoisonné
Partagé avec générosité
Avec toute la planète,
Un virus insidieux premier de ce nom.
Il s’appelait « Coronavirus »
Pour les intimes « COVID 19 ».
Pour agir il aurait pu prendre modèle sur le unau,
Animal qui, comme chacun le sait,
Déambule avec une lenteur affligeante,
Mais son agressivité n’avait d’égal
Que la vitesse à laquelle il se propageait.
Il allait son chemin,
Sans distinction de rang,
De culture, de richesse,
Il essaimait sans compter,
À tous les vents,
Imposant à l’humanité le partage.
Je l’ai, tu l’auras
Que tu sois de gauche ou de droite,
Croyant ou mécréant,
Si tu veux échapper au carnage
Reste à distance de moi,
Surtout ne me touche pas.
Ce revirement soudain du comportement humain
Aurait pu être drolatique
S’il n’avait pavé son chemin
De tant de cadavres.
Bientôt tous furent alertés
Au son de la bombarde ou du clairon,
Pour l’occasion remplacés
Par la voix des médias
Qui diffusaient avec frénésie
Les mises en garde récurrentes.
Pour un temps la devise nationale
« Liberté, Égalité, Fraternité »
Fut remplacée par :
« Égalité, Évitement, Confinement »
Mieux adaptée à la situation.
Tel était le salut.
X
X X
Morale de l’histoire
Oubliant quelque peu la bienséance, l’esprit de partage
Eut égard aux forces vives qui nous animent
Il est des temps où il vaut mieux
Garder pour soi ce que l’on a.
Geneviève Coquard
Questionnement
Tout d'abord, ils revinrent au café pour se remettre de leurs émotions. Jamais, non jamais les humains avaient eu si peu d’égards pour eux-mêmes. Cette rencontre n’était pas vraiment jubilatoire. Bien au contraire. Du genre plutôt aride. Pourquoi, alors que la mondialisation se généralisait, pourquoi militaient-ils pour un retour au nationalisme ? Plus le temps de temporiser. Il fallait huiler les bombardes afin que cette idée tenace mais nauséabonde peine à se répandre semblable à l’unau qui ne s’en laisse pas conter . Et que reviennent les temps drolatiques si chers à nos cœurs.
Brigitte Charnier alias Margueritte C.
Texte séquestration n° 1
Sans négociation le coronavirus a fait sa mondialisation
A nos dépends, sans égard, sans peiner, ayant 7 milliards
d’individus
Pour jouer à saute mouton, ceci doit être jubilatoire
Et il est tenace comme un syndicaliste qui milite pour défendre sa
revendication
Rien ne sert de temporiser, c’est la peste, huilons nos bombardes
pour jouer l’air de la guérison,
Aride mais drolatique situation
Que nos séquestrations volontaires
Que cette privation de liberté,
Que cette tenace peur de la mort
Que le dolent unau observe de sa branche en grattant ses puces.
JJ Mazet dit MADIA (séquestré volontaire 11éme jour)
Bel unau drolatique
Un drolatique unau asthmatique peine à interpréter un air jubilatoire sur sa bombarde.
Agrippé à une grosse branche il reste tenace à bien des égards.
Il veut créer une comédie musicale sur la mondialisation.
Pour bien militer, il cherche à temporiser ses quelques portées de notes jazzy.
Il va devoir traverser la forêt tropicale pour huiler la canopée de notre monde aride…
Danielle Tinchant
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Par creation et poesie le 19 Mars 2020 à 11:12PETIT JEU D’ÉCRITURE... POUR PASSER LE TEMPS...si le confinement devient insupportable ...Pour les confiné-e-s ou non je propose un petit jeu d'écriture.À partir d'une dizaine de mots, choisis au hasard dans le dictionnaire, je vous invite à écrire un texte poétique ou non, court ou long, à votre convenance, sur la thématique de votre choix.
Mots :
mondialisation, égard, bombarde (l'instrument de musique), unau,
peiner, militer, temporiser, huiler,drolatique, aride, jubilatoire, tenace.
À vos plumes...
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Par creation et poesie le 26 Janvier 2020 à 18:54
Samedi 25 janvier 2020
Moments d'émotion hier en présence d'Annette Gareyte lors de sa performance. Après avoir expliqué son parcours sur la "coulure", comment elle en est arrivée à travailler sur le vivant, elle a installé la personne choisie, préparé la toile puis réalisé sa performance. Si Annette Gareyte peut anticiper le résultat visuel de son travail, ce dernier n’en reste pas moins imprévisible et peut devenir source d’étonnement. Étonnement partagé par les personnes en présence. Face au ressenti de chacun, elle a donné un titre, L'envol dans les Eaux Claires, qu'elle modifiera peut-être lorsqu'elle reprendra la toile dans son atelier à Vijon.
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