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Par creation et poesie le 19 Août 2014 à 10:14
Terre sous le soleil, pâle orange éclatée,
Terre marquée d empreintes
Et de l'énigmatique silence de nos pas
Et la neige tombant, les brins d'or des flocons
Épis fauchés au pré d un ciel qui agonise
Sans bruit les moissons blanches
Qui pèsent sur l'éteule,
Les ombres ont disparu, ne restent que fantômes
Visages de drap blanc qu'a brouillé le hasard
La terre est un buvard que boit le crépuscule
Un long rail de rubis chevauche l'horizon
Et le souffle du vent boucle les chevelures
D'arbres que la froidure a adoubé d'argent
Le soleil épuisé traîne des lambeaux roses
Sur les miroirs d'étangs où la vie s'amenuise
Traîne tenue de poudre au bord d'un poudrier
Le gel a réveillé la tristesse des pierres
Leurs épaules ployées sous le joug des chagrins
La nuit vient de ce qu'on ne voit plus les chemins
Désemparée sous la ténèbre de la neige
Mais partir, s'exiler se faire passeur des routes
Suivre des vols d'oiseaux dont les rires fragiles
Nous parlent de pays et de villes insoumis
Partir vers l'inconnu ou bien
Mettre un terme aux essors périlleux de nos corps
S'abandonner à la geste nocturne des tisons
La braise dénouée où je lis ton visage
Le vent ramènera les voiles du soleil,
Il sera temps alors de reprendre la route.
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Par creation et poesie le 25 Juin 2014 à 12:49
Lorsque le temps sera venu
Je fermerai mes portes aux avances de la mort,
Lorsque le temps sera venu
Le temps des vents sales
Celui de l'haleine des chiens
Je resterai pour ne pas qu'ils m atteignent
Immobile,
Je bougerai un peu seulement un peu
Pour cueillir sur mes doigts
L'odeur de fleur d'oranger du souvenir
Je balafrerai mon front en sueur
Le couvrirai d'un mouchoir noir
Faena nocturne épelant les nuages
Et mes yeux
Enfermeront dans le silence
Les ultimes visions...
Lorsque le temps sera venu
J'ouvrirai les volets verrouillant ma poitrine
Pour y poser les légendes de mes passes
Affublées de leurs mots d'amour
Je ferai de mon cœur un nid
Pour les rêves de mes suicides
L'un après l'autre étioles
J'ouvrirai tes bras nus
Pour y forcer nos mots
Ces doubles restent nos mystères
Ferai un testament de nos chants maladroits
Et la cendre des mots te blanchira le front
Toi mon épouse indienne...
Lorsque le temps sera venu
De marcher à rebours vers la mer des étoiles
De saigner sous les jougs de paisibles vertiges
De crier une fois dernière
La plénitude des amants
La monstruosité des dieux
Lorsque le sang sous mes paupières
Ramènera l'enfant aux genoux écorchés
Par les jupes des pierres
Et que je n'aurai plus la force
D'implorer un nouveau printemps
Alors je laisserai les orages du temps
Poser en moi cette folie nouvelle...
Lorsque le temps sera venu
Je te regarderai partir
Et t'éloigner comme une vieille
Tassée sous le fardeau des ans,
Je te verrai assise aux portes du néant
Tes lèvres sur les miennes auront le goût du vide
Quand je ne serai plus que cette ombre éplorée
Celle qui part bien loin de tes cheveux trop gris
Que le voile de deuil fermera mes paupières
D'un linceul de chagrin que les ongles ont ferle
Sous les fumées de mers assourdies de soleil,
Lorsque je ne verrai plus de toi que le dos
Englouti comme un songe au bout d une ruelle
Je te dirais adieu ,enfin,
Ma belle amante,
Ma jeunesse...
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Par creation et poesie le 24 Mai 2014 à 08:27
Seuls les mots de la mort
Ne sont pas illusoires,
Les autres ne sont que des îles
Qui vieillissent et puis
S'abandonnent
Pour aller retrouver
Le fond de la mer.
Ces mots, mirages que le cri du poète
Voudrait sauver de la noyade.
L'oiseau passe trop vite,
Son sillage est fumée
D'un feu qui aurait consumé
Ces vérités que l'on devrait savoir
Trop éphémères,
Dont on ne reçoit que l'écho.
Quand se rompt du violon
La dernière corde,
Que l'horloge invente des heures
De bien après minuit,
Seuls les mots qui demeurent
Ne sont pas illusoires,
Peut-être saura-t-on alors,
Peut-être le poète comprendra-t-il alors
Pourquoi il a dû rire,
Pourquoi il a pu pleurer.
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Par creation et poesie le 1 Avril 2014 à 14:22
Il fallait que je mange, j'avais froid,
et mon peintre peignait des flammes,
il peignait les arcs de mes côtes
et, entre mes côtes, ces ravines
où adhérait ma peau trop flasque, bien trop blanche.
J'avais faim,
si faim qu'il m'arrivait de pleurer,
alors il me giflait,
appuyait ses doigts sur ma bouche,
forçait ma chair contre mes dents
pour me faire taire
puis il recommençait à peindre des fleurs.
Quand il n'avait plus assez d'argent
pour acheter des couleurs
il fracassait sur les murs des flacons de vernis,
ça faisait des étoiles de sang,
il appuyait très fort ses doigts sur ma peau
pour la faire changer de couleur,
la tacher de bleu, de violet,
l'empreinte de ses doigts laissait des marques sombres
aux bords jaunâtres un peu.
Mon peintre il lui arrivait de m’offrir des fleurs,
qu'il achetait quand le marché fermait
que plus personne n'en voulait.
Mais il embrassait mal, ses mots mordaient mes lèvres,
il mordait si mal que ses mots
avaient un goût de carie.
Je me souviens de l'atelier, il y faisait toujours froid
même habillée j'y étais nue
mes vêtements étaient trop minces
élimés, habillée j'avais toujours froid.
Lui pour me réchauffer recommençait
à peindre des flammes
même que les murs de l'atelier ont brûlé,
je sentais le brûlé, ma peau sentait le brûlé,
lui riait, des mots violents jaillissaient de sa bouche,
des mots obscènes, épileptiques, obsédés.
Épileptique ! il ricanait : mais ton Van Gogh l'était épileptique !
Alors j'avais pitié je prenais sa main dans la mienne
j'essayais de l'aimer
j’étais heureuse quand je sentais que je pouvais aimer
même si sa peau froide était celle
d'un saurien écorché.
Même quand il s'est mis à peindre ces croix sur mes seins nus.
Il était souvent trop faible pour nettoyer ses pinceaux
alors je le faisais pour lui je m'habillais
j'avais peur de quitter l'atelier à cause de la rue
à cause de la police, à cause du froid.
Sur la porte il y avait un bout de carton détrempé
par la pluie le brouillard ou peut-être la neige,
l'encre en avait coulé mais on voyait encore
sur le carton son nom : Adolf Hitler peintre.
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