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Jeunesse
Nous buvions de l'ale au fond des pubs,
Filles et fils d'une génération endeuillée
Le soleil essayait encore de réchauffer la pierre
Immémoriale des dolmens.
De quoi bavardions-nous lorsque nos catogans
Trainaient sur les comptoirs ?
Les têtes de nos géniteurs
Exposées sur les étiquettes
Des bouteilles de scotch et de gin
Invitaient au jeu de massacre.
Des filles nous épiaient
Par-delà les tains des miroirs,
Chasseresses espérant
Que nous tomberions ivres
Avant que le "bang" des cymbales
Annonce la fermeture du pub.
Alors nous sortions pour affronter la brume,
Le souffle de nos bouches y dessinait des mots.
Ils ressemblaient, nos mots,
Aux grands éclairs d'un phare
Au rouge du clin d'œil
Que les filles redoutaient.
Ils devenaient nos mots
Criblés par la ponctuation inattendue des rots.
Autant de mots étranges ou peut-être étrangers...
Et le brouillard lavait maisons, tombes, jetées.
Poètes, nous l'attendions, l'aube,
Le drakkar avancé pour nous
Par les mains sombres de la mer.
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