Ce matin j'ai rencontre la solitude,
C'était un matin ordinaire, un peu gris
Comme un sourire qu'on éteint
Lorsque l'âge a soufflé les flammes au fond des yeux,
Que la danse a cessé, que l'on dit on est vieux,
Que l'ultime sourire parle timidement
De l'épouse en allée,
Partie vers un pays qu'on ne veut pas connaitre,
Or triste d'un automne à jamais disparu
La chambre est vide et froide
L'appartement trop grand,
Des coussins dont on n'ose enlever la poussière
De peur de disperser ce qui reste d'odeur
Et les lèvres blanchies on murmure son nom,
Trop longtemps, trop souvent, jusqu'à ce qu'il s'efface,
Que l'on oublie enfin la couleur de ces yeux
Qu'on fermait de baisers pour ne pas s'y noyer..
Aux pieds des vieux chaussons mordillés par le chien,
Lui aussi est parti par les routes d'hiver
On l'a longtemps cherché de mains qui balbutient
De doigts qui cherchent encore quelqu'un qu ils puissent aimer,
Et la télévision reste la seule compagne
Quand sont morts les amis, au bistrot de la gare,
Un snack a remplacé la table aux joueurs de cartes.
Ce matin j'ai rencontré la solitude,
On en parlera pas dans les journaux du soir,
Combien sont-ils déjà qu'on a cessé de voir
Dont les tains des miroirs ne gardent plus les traces,
Vies de vieux qui s'en vont tout bas,
Sans un espoir.
très émouvant et poétique à la fois