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Deuxième weekend de confinement. Déterminer, un moment, un lieu, un animal, un personnage et un objet fétiche à partir des propositions suivantes :
un moment : aube, printemps, vacances, nuit
un lieu : ville, forêt, campagne, plage
un animal : chien, licorne, mésange bleue, chouette
un personnage : navigateur/rice, explorateur/trice, artiste, détective
un objet : parfum, crayon, améthyste, noyau de cerise
puis démarrer le texte par une accroche :
Les anciens racontent qu’autrefois un homme alla dans la montagne pour y ramasser du bois. Il emprunta un très joli chemin.
Les anciens racontent qu’autrefois, un homme alla dans les montagnes pour y ramasser du bois. Il emprunta un très joli chemin.
Depuis quelques jours le printemps, artiste aux multiples talents, avait commencé son œuvre, les pruneliers sauvages, les aubépines avaient pris robes aux couleurs des neiges disparues, alentours primevères, violettes et pâquerettes s’épanouissaient sur un lit de verdure, ça et là, blotties au pied des buissons épars fleurissaient les dernières nivéoles.
L’homme, soucieux de la dureté des jours, de l’enfant qu’il aurait tant aimé voir en son foyer et qui tardait à venir, un instant distrait par un tel spectacle, poursuivit sa marche jusqu’à la forêt. Elle avait gardé pour un temps encore les noirceurs de la saison froide, son tapis de feuilles inertes décolorées par la pluie et le gel.
Alors qu’il se tenait courbé, s’affairait à rassembler en un lourd fagot les brindilles et rameaux morts tombés au cours du long hiver, il lui sembla déceler une présence. Tendant l’oreille il perçut un souffle haletant, une plainte ténue. Se redressant, regardant en direction du gémissement il entrevit au pied d’un arbre, derrière un amas de branches une silhouette improbable.
Ne sachant à quoi s’attendre, prudemment il se dirigea vers elle. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il découvrit, prise au piège d’un braconnier, une magnifique licorne au pelage immaculé, à la crinière de feu. Elle avait pour corps et tête ceux d’un cheval de la plus belle espèce, une corne aux reflets irisés sublimait l’apparition fabuleuse. Depuis sa plus tendre enfance il avait entendu vanter la beauté, les pouvoirs prodigieux de cet animal fabuleux. Malgré la souffrance elle avait gardé sa dignité, avec noblesse levait vers la cime des pins sa corne magique.
L’homme avec compassion chercha à la rassurer, avec obstination s’employa à desserrer les crocs d’acier qui déchiraient ses chairs, meurtrissaient ses os, la retenaient prisonnière. Après moult tentatives il arriva enfin à la libérer et s’empressa de lui confectionner un pansement fait de mousses et de lichens dont lui seul connaissait les valeurs apaisantes, cicatrisantes et régénératrices.
Enfin, la licorne délivrée, soulagée se redressa. En un salut princier, fléchissant sa patte blessée, courbant le col, inclinant vers l’homme sa corne magique, pour la première fois, elle prit la parole :
- Je te remercie, lui dit-elle, de ce que tu as fait pour moi. À jamais je t’en serai reconnaissante. Je connais la dureté de tes jours, les souhaits que tu fais, je sais la pureté de ton cœur, sache que mes vœux t’accompagnent.
Ce disant elle posa avec délicatesse l’extrémité de sa corne sur sa main.
- Va, reprit-elle, n’oublie pas le fagot avec lequel tu chaufferas ta maison, en souvenir de ce jour, jamais il ne se consumera, et s’il venait à s’éteindre, il suffirait d’un rire d’enfant pour que la flamme renaisse. Va, je sais que déjà l’un d’eux est sur le chemin de la vie. Au retour cueille les fleurs du printemps pour égayer ta chaumière. À jamais elles seront lumière, éveil de tes aspirations les plus profondes au cœur de tes jours gris.
L’homme chargea sur son dos le fagot, reprit le sentier qui le ramènerait chez lui ; respectueux des conseils donnés par la licorne il glanait au passage autant de fleurs que sa main pouvait en retenir.
Lorsqu’il arriva, épuisé par le travail accompli et par tant d’émotions, sa femme l’attendait sur le pas de la porte, il lui fit don du bouquet de fleurs des champs. Elle le reçut comme un hommage, ainsi que la réassurance de leur amour, leurs mains se frôlèrent. En cet instant des modestes fleurs il ne resta rien, les violettes étaient devenues améthystes, les pâquerettes perles fines, les primevères cornes d’or.
En ce jour de merveilles tous deux savaient que l’enfant dont ils avaient tant rêvé serait bientôt entre leurs bras. De trésor ils n’en demandaient pas d’autre.
Genviève Coquard
Croquis d'une mésange bleue
Les anciens racontent qu’autrefois un homme alla dans la montagne pour y ramasser du bois. Il emprunta un sentier bucolique.
Il ne détestait pas une certaine solitude. Il aimait à contempler les sommets de Belledonne, les lacs, et, au loin, les majestueux sommets.
Il était parti à l’aube . Après une ascension délicate, il arriva à l’orée de la forêt.
Sur la première branche d’un sapin, une mésange bleue zinzinulait vivement !
L’homme était un artiste, qui avait toujours son calepin et son crayon dans son sac à dos.
Légèrement fatigué par l’effort, il fit une pause.
Il s’assit sur une souche, bu à sa gourde, puis dessina l’oiseau…
Danielle Tinchant
Rite initiatique
Les anciens racontent qu’autrefois un homme alla dans la montagne pour y ramasser du bois. Il emprunta un très joli chemin. Ils racontent aussi que c’était au printemps, que la nature avait commencé à renaître et que tout le monde attendait son retour car ce bois n’était pas du bois ordinaire. Il devait apporter au clan la prospérité et la sérénité pour les années à venir. Tous les dix ans, un homme devait emprunter le Chemin pour accomplir cette tâche. C’est ainsi que le clan vivait dans le bonheur et dans la paix.
Il n’était jamais revenu.
Mais le plus intriguant est que depuis cet épisode, gravé à jamais dans la mémoire des anciens, le clan vit dans la paix, que plus jamais un seul homme ne dut emprunter le Chemin et qu’à chaque équinoxe de printemps on entend sa voix.
Moi aussi je l’entends. Et chaque année, cette voix se fait de plus en plus pressante.
Voilà j’ai 15 ans. Aujourd’hui.
Je dois accomplir le Rite. Lequel ? Je ne sais pas. Les anciens disent que je le saurai le moment venu. Ils font tourner le couteau rituel. Celui-ci indique le Chemin. Stupéfaction. Depuis la disparition de l’Homme, il n’avait plus jamais indiqué le Chemin.
Je pars vers la forêt. Les oiseaux m’accompagnent de cette voix lancinante qui m’était devenue familière. L’Homme s’était-il transformé en oiseau ? Était-il devenu le maître des oiseaux ? Je poursuis mon chemin. Au bout de deux heures, j’arrive à une fourche. Le chemin se divise en trois sentiers. Je sens que je ne dois pas me tromper, sinon le malheur s’abattra sur mon clan.
Je prends ma flûte, celle qui ne me quitte jamais et que j’utilise pour me calmer ou quand je dois résoudre une difficulté. Je la porte à mes lèvres et, sans que je m’en rende compte, le son qui s’en échappe rappelle la voix obsédante. Une chouette blanche s’envole de l’arbre qui a poussé sur le sentier de droite. Je la suis, instinctivement. Brusquement un parfum envahit la forêt. Une odeur de bois brûlé mêlée d’herbes aromatiques. Mon enfance me revient. Je revois ma grand-mère préparer le remède qui nous préservait de l’hiver. Un nuage de brume - ou de fumée ? - obscurcit la sente. La chouette me guide par ses hululements. Soudain, tout se dissipe. Le brouillard, le parfum, le chant de la chouette.
Me voilà devant une grotte. L’Homme m’attendait. Il m’attendait depuis les temps anciens. Il me tend la main. Nos corps fusionnent. Dans ma tête résonne sa voix : c’est toi désormais qui sera l’artiste de la paix du clan. À mes pieds gît la dépouille de l’Homme.
Brigitte Charnier alias Margueritte C.
En écho
Les anciens racontent qu'autrefois un homme alla dans la montagne pour y ramasser du bois. Il emprunta un très joli chemin, que personne dans le village ne prenait jamais car disait-on il rallongeait beaucoup pour gagner la clairière habituelle.
L'homme était parti à l'aube ce jour-là pour se donner tout le temps... : il voulait s'octroyer une journée dans la nature. En fait il avait toujours eu une âme d'explorateur. Son rêve ? découvrir de nouveaux horizons, de nouveaux êtres... pourquoi pas de nouveaux mondes !
Ah ! il l'aimait son village, ça oui, c'était même toute sa vie, mais il lui arrivait parfois de se sentir un peu à l'étroit dans son habit de paysan, prisonnier de ces tâches arrimées inéluctablement au rythme des saisons.
L'aventure qu'il cherchait s'ouvrait à lui sur le très joli chemin.
Très vite en effet le sentier quitta le bois en redescendant vers la plaine. La pente était raide et l'émotion le saisit quand avec ses prairies, ses champs, la campagne s'offrit à lui en déroulant sous ses pas des tapis multicolores. Aux sapins, aux mélèzes, aux pierriers de sa montagne succédaient les pommiers, les vignes et les haies de lauriers odorantes. Des mésanges bleues voletaient autour de lui. L'air devenait léger et il sentit le parfum de la violette et du seringa... Ivre de tant de douceurs, il dut s'assoir sur une grosse pierre, au bord du sentier. En levant les yeux il aperçut un village tout là-haut, accroché à la falaise. C'était son village et il ne le reconnut pas tout de suite.
Comment allait-il le rejoindre, maintenant ? Et le bois qu'il devait rapporter ?
L'homme n'est jamais revenu et depuis, le chemin porte son nom.
Car les anciens savent que partir n'est pas une trahison. Et qu'il n'y a de fidélité à ceux qu'on aime qu'avec la liberté de les quitter.
Hopay
Plusieurs chemins
« Les anciens racontent qu’autrefois un homme alla dans la montagne pour y ramasser du bois. Il emprunta un très joli chemin ». Il laissa venir la nuit dans la forêt…les chiens retrouvèrent son corps…grâce au parfum de la mort. Il s’était perdu, pourtant c’était un ancien navigateur.
« Les anciens racontent qu’autrefois un homme alla dans la montagne pour y ramasser du bois. Il emprunta un très joli chemin ». C’était un jour de printemps à la campagne. La mésange bleue avait dessiné au crayon son chant dans un décor enchanteur d’artiste.
« Les anciens racontent qu’autrefois un homme alla dans la montagne pour y ramasser du bois. Il emprunta un très joli chemin». Il était en vacances dans le village prés de la plage. De la forêt, le soir à coté de sa cheminée, où brulait son bois, il entendait la chouette dans le noir angoissant, la pipe à la bouche comme le légendaire détective. Il attendait le sommeil pour rejoindre un lit avec un matelas de mauvaise location rembourré avec des noyaux de cerises.
« Les anciens racontent qu’autrefois un homme alla dans la montagne pour y ramasser du bois. Il emprunta un très joli chemin ». De retour, à l’aube après avoir joué les explorateurs et une nuit couchée à la belle étoile, homme de la ville, ses peurs avaient exacerbé sont imagination ayant vu (rêve ou réalité) une licorne ailée courir légèrement dans un halo couleur améthyste ! La bouteille d’alcool elle était bien vide.
Jean-Jacques Mazet dit MADIA (mars 2020)
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À partir de la photo ci-dessous et de mots empruntés au Dictionnaire insolite des mots oubliés (2013) écrire un texte.
Daniel Arsham (Toronto)
Crédit photographique Brigitte Charnier
Noms : cascatelle (nom fém. petite cascade), chasse-ennui (nom masc. ce qui est propre à chasser l’ennui), syrtes (non fém. pluriel sables mouvants, très dangereux pour les navires), tortille ou tortillère (nom fém. allée étroite et tortueuse dans un bois, pour se promener à l’ombre).
Verbe : feuillir (2° gr. se couvrir de feuilles),,affolir (2° gr. devenir fou), (se) gaudir (2° gr.Manifester sa joie) (se réjouir), harper (saisir et serrer avec les mains).
Adjectifs : alouvi (qui éprouve une faim insatiable, dévorante, une faim de loup), éplapourdi (étonné, stupéfait), hurlupé (hérissé, ébouriffé), ubéreux/se (qui produit beaucoup, fécond).
Lorsque l’horloge se transforma en cascatelle, les chasse-ennuis se gaudirent. Plus rien ne semblait comme avant. Les chiffres à moitié-rongés par les gouttelettes s’échappèrent de la domination des aiguilles. Le sol s’était transformé en syrtes ubéreuses et les ondes azurées le striant, éplapourdies, s’affolirent. Elles s’élancèrent hors du cercle du temps, sans un regard pour cette machine alouvie qui les tyrannisaient depuis l’origine. Les chasse-ennuis, hurlupés, avaient bien la ferme intention de les harper afin de découvrir les tortillères en train de feuillir. Ils allaient enfin pouvoir jouer leur rôle et ébaudir l’univers délivré du joug du temps.
Brigitte Charnier alias Margueritte C.
Le temps ronge la vie
Érode son indicateur
À l’image de corps
Qui se soumettent à sa supplication
Cascatelle globique de secondes
Syrtes d’étouffement
Des vies qui se cheminent dans une tortillère
Se dissimulant sous les ombres hésitantes
Chacun hurlupé par ses peurs ubéreuses
À s’affolir, benêts éplapourdis de se gaudir
De harper le comestible des heures
Toujours alouvi, nécessiteux dînant des déchets d’heures
Secondes composants un consommé chasse-ennui
Dans un printemps qui feuillit
Dans un temps de confinement de soi sur soi-même
Grand bonheur, fortune de l’infortune
Jean-Jacques Mazet dit MADIA (mars 2020)
En écho :
Mordue cruellement par le temps, tout à la fois éplapourdie et hurlupée, la jeune fille, alouvie d'émotions, s'engagea dans la tortille pour se gaudir de cette toute nouvelle sensation ubéreuse. Ses pas la conduisirent vers la cascatelle feuillie et elle se gaudit d'y trouver-là le chasse-ennui espéré. Mais tandis qu'elle tentait de le harper, des syrtes s'ouvrirent sous son pied et elle crut affolir : le temps l'avait rattrapée.
Hopay
Chemins perdus et bruissements
Où sont cachées les tortillères,
Où sont enfuies les cascatelles
Jaillies des neiges immaculées,
Qu’est devenu leur doux langage
Ubéreux et cristallin ?
Je reste éplapourdi,
Par leur silence, leur absence,
Affoli un peu plus chaque jour.
Il fut un temps où,
Alouvi par leur présence
Je m’enhardissais
À vouloir les saisir
Harpant à pleines mains
L’air frais du matin.
Mais ce jour là n’est plus,
Des ramures feuillies
J’ai oublié le bruissement,
Se gaudir du soleil et du vent
N’est plus que souvenir.
Des chasse-ennuis
J’ai perdu toute trace,
Mon esprit erre
Aux abords des lagunes,
Se perd dans les mouvances
Des syrtes enjôleurs.
Geneviève Coquard
2 commentaires -
À partir d'une photo :
Crédit photographique : Brigitte Charnier
l’arbre à pieu
érige ses armes
blessées
loin au loin très
loin la platitude de l’horizon
contraste avec
la verticalité de l’arbre
entre les deux une haie protectrice
quel combat se livrent-ils
là haut, noces du ciel et des nuages
observant le carnage
à venir
mon cœur
pourquoi tant de fureur
balafrent les campagnes
Brigitte Charnier alias Margueritte C.
Platane
Arbre circoncis
Membres émasculés
Désinences foliacées raides sur des avortons noueux
Croissance contrôlée par des esthéticiens d’obédiences contre nature
Dans une espace libre éploré au ciel gris chagrin
Jamais il ne grandira
Acier coupant
Acéré
Cicatrise
Sève
Douloureuse
Infirmité
Tronçonneuse
Écologie punitive
Image d’un corps mutilé, torturé dans son silence muet
Racine
Jean-Jacques Mazet dit Madia
Il attend
Il attend
Que passe le temps
Habitué aux saisons vides
Aux silences longs
Les bras nus
Tendus vers le ciel
Le cœur dans l'écorce
Serré
Les cœurs dans les corps
Noués
Tous immobiles et seuls
À attendre
Que passe le temps
Aline Fernandez
Le platane
Il fut un temps
Où j’étais libre et fier,
Mes ramures majestueuses
Se jouaient de l’azur,
J’accueillais au printemps
Les nids et les oiseaux.
Séduit par ma prestance
L’homme fit de moi
L’hôte de ses jardins,
Je suis devenu sa chose,
Il m’a domestiqué,
Réduit en esclavage,
Il a tronqué mes branches
Pour les rendre dociles.
Je tends vers le ciel gris,
Candélabres sans ors et sans flammes
Les moignons échappés au carnage,
Mes rameaux épargnés, dénudés et sans âme
Je me souviens d’un temps
Où j’étais libre et fier.
Geneviève Coquard
En réponse
Ses moignons dardés contre les nuages de plomb,
Le platane semble arracher de lui sa rage et sa hargne.
Pour dire sa souffrance
Pour affronter le cataclysme.
Pour conjurer l'impensable.
Mais tout au cœur de lui, ses racines gorgées de terre généreuse lui disent que non, rien ne mérite ni la peur ni la colère, encore moins le tourment ni l'inquiétude.
Ainsi va la vie, joli platane. On t'a amputé, on t'a saccagé, mais à l'orée de l'été, ton ramage saura comme hier se faire doux au nid des oiseaux et tendre aux étreintes des amants.
Hopay
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En écho
Par égard pour elle et pour ne pas la peiner davantage, il prit sur lui de temporiser. Inutile de militer contre la mondialisation, de sortir, tenace, d'arides arguments. Mieux valait au contraire huiler les rouages, jouer de la bombarde et inventer de drolatiques histoires : rien ne peut s'opposer à l'inertie de l'unau, surtout quand il trouve sa mollesse tellement jubilatoire !
Hopay
L’angoisse était tenace. La mondialisation partageait tout, y compris le pire. Les pires comportements, les pires maladies, les pires fake-news. Au milieu de cela, il fallait temporiser, peiner à retrouver le sourire… Les blagues de mauvais goût circulant sur les réseaux sociaux n’avaient souvent rien de jubilatoire, juste un brin drôlatiques parfois….
Dans certains quartier, ils jouaient de la bombarde de leur balcon, il fallait militer pour se donner l’illusion d’être fort contre ce que nous ne maîtrisions absolument pas.
Pour ma part, j’avais peu d’égard pour moi-même, jouant les pleutres, dans la position du unau, me traînant du lit au canapé. Il fallait arriver à huiler ses habitudes à rester chez soi, et mettre à profit l’aridité du moment pour se centrer sur l’essentiel.
Agnès Cognée
Aux armes, citoyens
Il fut un temps où,
Gagné par une mondialisation galopante
Aux rouages bien huilés
Octroyant à certains
Moult profits jubilatoires,
Peiner pour gagner sa croute
Était de rigueur,
Temporiser en attendant demain
Était illusoire,
Militer pour un ordre nouveau,
De première nécessité.
De manifestation violente
En discussions arides,
Les uns avec les autres,
Les uns contre les autres,
Rassemblés en des foules à la colère tenace,
Côte à côte,
Dans une promiscuité réconfortante
Ils clamaient haut et fort
Qu’ils seraient les vainqueurs.
Vint à passer par là,
Cadeau empoisonné
Partagé avec générosité
Avec toute la planète,
Un virus insidieux premier de ce nom.
Il s’appelait « Coronavirus »
Pour les intimes « COVID 19 ».
Pour agir il aurait pu prendre modèle sur le unau,
Animal qui, comme chacun le sait,
Déambule avec une lenteur affligeante,
Mais son agressivité n’avait d’égal
Que la vitesse à laquelle il se propageait.
Il allait son chemin,
Sans distinction de rang,
De culture, de richesse,
Il essaimait sans compter,
À tous les vents,
Imposant à l’humanité le partage.
Je l’ai, tu l’auras
Que tu sois de gauche ou de droite,
Croyant ou mécréant,
Si tu veux échapper au carnage
Reste à distance de moi,
Surtout ne me touche pas.
Ce revirement soudain du comportement humain
Aurait pu être drolatique
S’il n’avait pavé son chemin
De tant de cadavres.
Bientôt tous furent alertés
Au son de la bombarde ou du clairon,
Pour l’occasion remplacés
Par la voix des médias
Qui diffusaient avec frénésie
Les mises en garde récurrentes.
Pour un temps la devise nationale
« Liberté, Égalité, Fraternité »
Fut remplacée par :
« Égalité, Évitement, Confinement »
Mieux adaptée à la situation.
Tel était le salut.
X
X X
Morale de l’histoire
Oubliant quelque peu la bienséance, l’esprit de partage
Eut égard aux forces vives qui nous animent
Il est des temps où il vaut mieux
Garder pour soi ce que l’on a.
Geneviève Coquard
Questionnement
Tout d'abord, ils revinrent au café pour se remettre de leurs émotions. Jamais, non jamais les humains avaient eu si peu d’égards pour eux-mêmes. Cette rencontre n’était pas vraiment jubilatoire. Bien au contraire. Du genre plutôt aride. Pourquoi, alors que la mondialisation se généralisait, pourquoi militaient-ils pour un retour au nationalisme ? Plus le temps de temporiser. Il fallait huiler les bombardes afin que cette idée tenace mais nauséabonde peine à se répandre semblable à l’unau qui ne s’en laisse pas conter . Et que reviennent les temps drolatiques si chers à nos cœurs.
Brigitte Charnier alias Margueritte C.
Texte séquestration n° 1
Sans négociation le coronavirus a fait sa mondialisation
A nos dépends, sans égard, sans peiner, ayant 7 milliards
d’individus
Pour jouer à saute mouton, ceci doit être jubilatoire
Et il est tenace comme un syndicaliste qui milite pour défendre sa
revendication
Rien ne sert de temporiser, c’est la peste, huilons nos bombardes
pour jouer l’air de la guérison,
Aride mais drolatique situation
Que nos séquestrations volontaires
Que cette privation de liberté,
Que cette tenace peur de la mort
Que le dolent unau observe de sa branche en grattant ses puces.
JJ Mazet dit MADIA (séquestré volontaire 11éme jour)
Bel unau drolatique
Un drolatique unau asthmatique peine à interpréter un air jubilatoire sur sa bombarde.
Agrippé à une grosse branche il reste tenace à bien des égards.
Il veut créer une comédie musicale sur la mondialisation.
Pour bien militer, il cherche à temporiser ses quelques portées de notes jazzy.
Il va devoir traverser la forêt tropicale pour huiler la canopée de notre monde aride…
Danielle Tinchant
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PETIT JEU D’ÉCRITURE... POUR PASSER LE TEMPS...si le confinement devient insupportable ...Pour les confiné-e-s ou non je propose un petit jeu d'écriture.À partir d'une dizaine de mots, choisis au hasard dans le dictionnaire, je vous invite à écrire un texte poétique ou non, court ou long, à votre convenance, sur la thématique de votre choix.
Mots :
mondialisation, égard, bombarde (l'instrument de musique), unau,
peiner, militer, temporiser, huiler,drolatique, aride, jubilatoire, tenace.
À vos plumes...
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