• CONFINÉE-E-S 4

    Deuxième weekend de confinement. Déterminer, un moment, un lieu, un animal, un personnage et un objet fétiche à partir des propositions suivantes :

    un moment : aube, printemps, vacances, nuit

    un lieu : ville, forêt, campagne, plage

     un animal : chien, licorne, mésange bleue, chouette

     un personnage : navigateur/rice, explorateur/trice, artiste, détective

    un objet : parfum, crayon, améthyste, noyau de cerise

    puis démarrer le texte par une accroche :

     

    Les anciens racontent qu’autrefois un homme alla dans la montagne pour y ramasser du bois. Il emprunta un très joli chemin.

     

    Les anciens racontent qu’autrefois, un homme alla dans les montagnes pour y ramasser du bois. Il emprunta un très joli chemin.

    Depuis quelques jours le printemps, artiste aux multiples talents, avait commencé son œuvre, les pruneliers sauvages, les aubépines avaient pris robes aux couleurs des neiges disparues, alentours primevères, violettes et pâquerettes s’épanouissaient sur un lit de verdure, ça et là, blotties au pied des buissons épars fleurissaient les dernières nivéoles.

    L’homme, soucieux de la dureté des jours, de l’enfant qu’il aurait tant aimé voir en son foyer et qui tardait à venir, un instant distrait par un tel spectacle, poursuivit sa marche jusqu’à la forêt. Elle avait gardé pour un temps encore les noirceurs de la saison froide, son tapis de feuilles inertes décolorées par la pluie et le gel.

    Alors qu’il se tenait courbé, s’affairait à rassembler en un lourd fagot les brindilles et rameaux morts tombés au cours du long hiver, il lui sembla déceler une présence. Tendant l’oreille il perçut un souffle haletant, une plainte ténue. Se redressant, regardant en direction du gémissement il entrevit au pied d’un arbre, derrière un amas de branches une silhouette improbable.

    Ne sachant à quoi s’attendre, prudemment il se dirigea vers elle. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il découvrit, prise au piège d’un braconnier, une magnifique licorne au pelage immaculé, à la crinière de feu. Elle avait pour corps et tête ceux d’un cheval de la plus belle espèce, une corne aux reflets irisés sublimait l’apparition fabuleuse. Depuis sa plus tendre enfance il avait entendu vanter la beauté, les pouvoirs prodigieux de cet animal fabuleux. Malgré la souffrance elle avait gardé sa dignité, avec noblesse levait vers la cime des pins sa corne magique.

    L’homme avec compassion chercha à la rassurer, avec obstination s’employa à desserrer les crocs d’acier qui déchiraient ses chairs, meurtrissaient ses os, la retenaient prisonnière. Après moult tentatives il arriva enfin à la libérer et s’empressa de lui confectionner un pansement fait de mousses et de lichens dont lui seul connaissait les valeurs apaisantes, cicatrisantes et régénératrices.

    Enfin, la licorne délivrée, soulagée se redressa. En un salut princier, fléchissant sa patte blessée, courbant le col, inclinant vers l’homme sa corne magique, pour la première fois, elle prit la parole :

    - Je te remercie, lui dit-elle, de ce que tu as fait pour moi. À jamais je t’en serai reconnaissante. Je connais la dureté de tes jours, les souhaits que tu fais, je sais la pureté de ton cœur, sache que mes vœux t’accompagnent.

    Ce disant elle posa avec délicatesse l’extrémité de sa corne sur sa main.

    - Va, reprit-elle, n’oublie pas le fagot avec lequel tu chaufferas ta maison, en souvenir de ce jour, jamais il ne se consumera, et s’il venait à s’éteindre, il suffirait d’un rire d’enfant pour que la flamme renaisse. Va, je sais que déjà l’un d’eux est sur le chemin de la vie. Au retour cueille les fleurs du printemps pour égayer ta chaumière. À jamais elles seront lumière, éveil de tes aspirations les plus profondes au cœur de tes jours gris.

    L’homme chargea sur son dos le fagot, reprit le sentier qui le ramènerait chez lui ; respectueux des conseils donnés par la licorne il glanait au passage autant de fleurs que sa main pouvait en retenir.

    Lorsqu’il arriva, épuisé par le travail accompli et par tant d’émotions, sa femme l’attendait sur le pas de la porte, il lui fit don du bouquet de fleurs des champs. Elle le reçut comme un hommage, ainsi que la réassurance de leur amour, leurs mains se frôlèrent. En cet instant des modestes fleurs il ne resta rien, les violettes étaient devenues améthystes, les pâquerettes perles fines, les primevères cornes d’or.

    En ce jour de merveilles tous deux savaient que l’enfant dont ils avaient tant rêvé serait bientôt entre leurs bras. De trésor ils n’en demandaient pas d’autre.

    Genviève Coquard

     

     

    Croquis d'une mésange bleue

    Les anciens racontent qu’autrefois un homme alla dans la montagne pour y ramasser du bois. Il emprunta un sentier bucolique.

    Il ne détestait pas une certaine solitude. Il aimait à contempler les sommets de Belledonne, les lacs, et, au loin, les majestueux sommets.

    Il était parti à l’aube . Après une ascension délicate, il arriva à l’orée de la forêt.

    Sur la première branche d’un sapin, une mésange bleue zinzinulait vivement !

    L’homme était un artiste, qui avait toujours son calepin et son crayon dans son sac à dos.

     

    Légèrement fatigué par l’effort, il fit une pause.

    Il s’assit sur une souche, bu à sa gourde, puis dessina l’oiseau…

    Danielle Tinchant

     

    Rite initiatique

    Les anciens racontent qu’autrefois un homme alla dans la montagne pour y ramasser du bois. Il emprunta un très joli chemin. Ils racontent aussi que c’était au printemps, que la nature avait commencé à renaître et que tout le monde attendait son retour car ce bois n’était pas du bois ordinaire. Il devait apporter au clan la prospérité et la sérénité pour les années à venir. Tous les dix ans, un homme devait emprunter le Chemin pour accomplir cette tâche. C’est ainsi que le clan vivait dans le bonheur et dans la paix.

    Il n’était jamais revenu.

    Mais le plus intriguant est que depuis cet épisode, gravé à jamais dans la mémoire des anciens, le clan vit dans la paix, que plus jamais un seul homme ne dut emprunter le Chemin et qu’à chaque équinoxe de printemps on entend sa voix.

    Moi aussi je l’entends. Et chaque année, cette voix se fait de plus en plus pressante.

    Voilà j’ai 15 ans. Aujourd’hui.

    Je dois accomplir le Rite. Lequel ? Je ne sais pas. Les anciens disent que je le saurai le moment venu. Ils font tourner le couteau rituel. Celui-ci indique le Chemin. Stupéfaction. Depuis la disparition de l’Homme, il n’avait plus jamais indiqué le Chemin.

    Je pars vers la forêt. Les oiseaux m’accompagnent de cette voix lancinante qui m’était devenue familière. L’Homme s’était-il transformé en oiseau ? Était-il devenu le maître des oiseaux ? Je poursuis mon chemin. Au bout de deux heures, j’arrive à une fourche. Le chemin se divise en trois sentiers. Je sens que je ne dois pas me tromper, sinon le malheur s’abattra sur mon clan.

    Je prends ma flûte, celle qui ne me quitte jamais et que j’utilise pour me calmer ou quand je dois résoudre une difficulté. Je la porte à mes lèvres et, sans que je m’en rende compte, le son qui s’en échappe rappelle la voix obsédante. Une chouette blanche s’envole de l’arbre qui a poussé sur le sentier de droite. Je la suis, instinctivement. Brusquement un parfum envahit la forêt. Une odeur de bois brûlé mêlée d’herbes aromatiques. Mon enfance me revient. Je revois ma grand-mère préparer le remède qui nous préservait de l’hiver. Un nuage de brume - ou de fumée ? - obscurcit la sente. La chouette me guide par ses hululements. Soudain, tout se dissipe. Le brouillard, le parfum, le chant de la chouette.

    Me voilà devant une grotte. L’Homme m’attendait. Il m’attendait depuis les temps anciens. Il me tend la main. Nos corps fusionnent. Dans ma tête résonne sa voix : c’est toi désormais qui sera l’artiste de la paix du clan. À mes pieds gît la dépouille de l’Homme. 

    Brigitte Charnier alias Margueritte C.

     

    En écho

    Les anciens racontent qu'autrefois un homme alla dans la montagne pour y ramasser du bois. Il emprunta un très joli chemin, que personne dans le village ne prenait jamais car disait-on il rallongeait beaucoup pour gagner la clairière habituelle.

    L'homme était parti à l'aube ce jour-là pour se donner tout le temps... : il voulait s'octroyer une journée dans la nature. En fait il avait toujours eu une âme d'explorateur. Son rêve ? découvrir de nouveaux horizons, de nouveaux êtres... pourquoi pas de nouveaux mondes !

    Ah ! il l'aimait son village, ça oui, c'était même toute sa vie, mais il lui arrivait parfois de se sentir un peu à l'étroit dans son habit de paysan, prisonnier de ces tâches arrimées inéluctablement au rythme des saisons.

    L'aventure qu'il cherchait s'ouvrait à lui sur le très joli chemin.

    Très vite en effet le sentier quitta le bois en redescendant vers la plaine. La pente était raide et l'émotion le saisit quand avec ses prairies, ses champs, la campagne s'offrit à lui en déroulant sous ses pas des tapis multicolores. Aux sapins, aux mélèzes, aux pierriers de sa montagne succédaient les pommiers, les vignes et les haies de lauriers odorantes. Des mésanges bleues voletaient autour de lui. L'air devenait léger et il sentit le parfum de la violette et du seringa... Ivre de tant de douceurs, il dut s'assoir sur une grosse pierre, au bord du sentier. En levant les yeux il aperçut un village tout là-haut, accroché à la falaise. C'était son village et il ne le reconnut pas tout de suite.

    Comment allait-il le rejoindre, maintenant ? Et le bois qu'il devait rapporter ?

    L'homme n'est jamais revenu et depuis, le chemin porte son nom.

    Car les anciens savent que partir n'est pas une trahison. Et qu'il n'y a de fidélité à ceux qu'on aime qu'avec la liberté de les quitter.

    Hopay

     

    Plusieurs chemins

     

    « Les anciens racontent qu’autrefois un homme alla dans la montagne pour y ramasser du bois. Il emprunta un très joli chemin ». Il laissa venir la nuit dans la forêt…les chiens retrouvèrent son corps…grâce au parfum de la mort. Il s’était perdu, pourtant c’était un ancien navigateur.

     

    «  Les anciens racontent qu’autrefois un homme alla dans la montagne pour y ramasser du bois. Il emprunta un très joli chemin ». C’était un jour de printemps à la campagne. La mésange bleue avait dessiné au crayon son chant dans un décor enchanteur d’artiste.

     

    «  Les anciens racontent qu’autrefois un homme alla dans la montagne pour y ramasser du bois. Il emprunta un très joli chemin». Il était en vacances dans le village prés de la plage. De la forêt, le soir à coté de sa cheminée, où brulait son bois, il entendait la chouette dans le noir angoissant, la pipe à la bouche comme le légendaire détective. Il attendait le sommeil pour rejoindre un lit avec un matelas de mauvaise location rembourré avec des noyaux de cerises.

     

    «  Les anciens racontent qu’autrefois un homme alla dans la montagne pour y ramasser du bois. Il emprunta un très joli chemin ». De retour, à l’aube après avoir joué les explorateurs et une nuit couchée à la belle étoile, homme de la ville, ses peurs avaient exacerbé sont imagination ayant vu (rêve ou réalité) une licorne ailée courir légèrement dans un halo couleur améthyste ! La bouteille d’alcool elle était bien vide.

    Jean-Jacques Mazet dit MADIA (mars 2020)

     


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