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CONFINÉE-E-S 6
À partir de la photo ci-dessous et des 4 citations suivantes, écrire un
texte (poétique ou non) d’une vingtaine de lignes :
Plage de Saint Brévin les Pins
Crédit photographique : Brigitte Charnier
Débutez votre texte par
De l’autre côté de l’Atlantique
Terminez par :
Il découvre pour la première fois la ville.
Les deux citations suivantes sont à utiliser dans n’importe quel
ordre :
décrit une chasse au trésor
les passagers n’ont jamais atteint
De l’autre côté de l’Atlantique
Rêve d’exil improbable
Plage brumeuse
À l’orée du ciel
Et de la pinède
Que les passagers n’ont jamais atteinte
Il capture le chaman
Qui décrit une chasse au trésor
Dans ses rêves
Aquatiques
Atlantique
Cri retentissant
Vers l’au-là des rives
Les passagers
S’estompent dans le chant de sirènes
Solitaire
Son rêve d’exil se forge
La brume se déchire
Le trésor se dévoile
Il découvre pour la première fois la ville.
Brigitte
De l’autre côté de l’Atlantique, là où je n’ai jamais mis les pieds, il y a ce rêve tenace. Ce rêve de beaucoup d’Européens, d’aller aux « States » ou au Canada. De l’autre côté de l’Atlantique, j’irai bien aussi, mais plutôt au sud du sud. Cela reste un rêve, auquel je ne crois pas vraiment. Aller au sud de l’Argentine, tout près du détroit de Magellan. Accoster sur la « Terre des fumées », qui devint « La Terre de feu », nom sous lequel on désigne cette grande île découverte par Magellan. Il faut lire la biographie du grand explorateur, écrite par Stefan Zweig, on pourrait croire qu’il décrit une chasse au trésor. Mais en découvrant cette grande exploration, on est loin du romantisme dont on auréole parfois les grandes découvertes. Rebellions, famines, massacres, ponctuent cette exploration qui sera la porte ouverte à un colonialisme de masse et à l’extinction rapide des peuples autochtones. On peut citer par exemple la rébellion du pilote du San Antonio, dont les passagers n’ont jamais atteint la côte sud américaine ; ce pilote qui mit au fer son capitaine et rebroussa chemin. Les prémisses de la mondialisation et du capitalisme moderne valaient-ils tant de sacrifices ?
Ainsi le rêve de terres sauvages, battues par les colères de l’Océan, ressemble bien à une illusion. Quid de la pauvreté de certains gauchos, quid des quelques rares indiens réduits à la misère sur leurs propres terres ancestrales ? L’océan n’est pas loin de chez moi, les côtes bretonnes restent encore sauvages et il est possible de voir l’océan déchaîné contre les roches et le lichen de ces côtes. Nous avons tous été un enfant et rêvé des grandes découvertes, mais il n’est pas forcément nécessaire d’aller loin pour cela. Tel est l’enfant paysan, quand il arrive à la capitale, lorsqu’il découvre pour la première fois la ville.
Agnès Cognée
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