Terre sous le soleil, pâle orange éclatée,
Terre marquée d empreintes
Et de l'énigmatique silence de nos pas
Et la neige tombant, les brins d'or des flocons
Épis fauchés au pré d un ciel qui agonise
Sans bruit les moissons blanches
Qui pèsent sur l'éteule,
Les ombres ont disparu, ne restent que fantômes
Visages de drap blanc qu'a brouillé le hasard
La terre est un buvard que boit le crépuscule
Un long rail de rubis chevauche l'horizon
Et le souffle du vent boucle les chevelures
D'arbres que la froidure a adoubé d'argent
Le soleil épuisé traîne des lambeaux roses
Sur les miroirs d'étangs où la vie s'amenuise
Traîne tenue de poudre au bord d'un poudrier
Le gel a réveillé la tristesse des pierres
Leurs épaules ployées sous le joug des chagrins
La nuit vient de ce qu'on ne voit plus les chemins
Désemparée sous la ténèbre de la neige
Mais partir, s'exiler se faire passeur des routes
Suivre des vols d'oiseaux dont les rires fragiles
Nous parlent de pays et de villes insoumis
Partir vers l'inconnu ou bien
Mettre un terme aux essors périlleux de nos corps
S'abandonner à la geste nocturne des tisons
La braise dénouée où je lis ton visage
Le vent ramènera les voiles du soleil,
Il sera temps alors de reprendre la route.