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un pan de ma vie
a sombré
dans le froid
m'amplifiant de sa solitude
cristaux
perlant de bleu
mes racines
étoffées de l'aspérité
du silence
le tronc que la pluie
courbe
appelle la morte saison
*
sommeil apaisé
court
le souffle
sur mon visage
moi
transpercée
de son silence
sommeil apaisé
ma main sur son bras
caresse inversée
*
j'étais bourgeon
j'étais rameau
j'étais branche
j'étais tronc
je suis arbre
qui s'enracine
*
du souffle au silence
geste brisé
où
naissent les embruns
vos deux mots
abolis
déchirent ma voix
remplie
d'absence
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Prise au jeu
Du pique-nique
De celui sur la couverture
Agréablement étalée
Sous leurs corps éponges
De l'instant passage de nuages
L'agitation de l'herbe
Le rempart des pins
Mur incertain
La terre en rappel de lieu
Manger
La présence déroutante
D'une étincelle d'amour
Boire au verre
Le vin tiède et l'eau du mariage
Sur le qui-vive
Se donner un peu plus
Sans s'effondrer
Dans la crème au chocolat
Le Saint-Marcellin crémeux
Ignorer le monde de la route
Les chercheurs de lieux d'abandon
Les familles bruyantes
Le chien poursuivant son maître
Le grillon marmonnant sa contrariété
Pique-nique de perte du confort
De rencontre intime
De mots cassés dans du papier d'aluminium
De rondelles de saucisson qui trottinent
De champs de blé en farine cuite au four
Le soleil a insisté sur la figure
Rougissant la peau blanche
Avalant la fraîcheur de la falaise de granit
Les corps se déforment
Reposés en coupe de fruits
Pique tendre jeu
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Ce murmure éternel du langage
à mon oreille
Depuis quand est-il apparu ?
Les mots se forment
et traversent
le corps du monde jusqu'à ma bouche.
Je te regarde les yeux fermés
du fond d'un ailleurs
où se joue
à être sur un bateau fantôme
qui va au fil de la rivière,
poème, petit saumon.
Verse encore, clairs et vifs, ouverts,
tes mots de paroles plastiques
qui crochent et enclenchent
des textes
dans mon corps docile
en attente.
Poème, arbre effilé d'hiver,
le monde est si loin dans le noir
que je dois le porter en moi
avec son accent et sa langue
qui roule et s'enroule jusqu'à toi.
Parce que la nuit tombe si vite,
petit poème...
Et comme un peintre chinois
j'entre dans les pages de papier
avec mon amoureux au bras
et nous nous transformons
en traits, en mots, en graphes.
Cheminons dans le paysage
sous les nuages
dans le poème.
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Qu'êtes-vous devenus,
Vous dont j'ai perdu la trace,
Quelles brumes,
Quels soleils,
Quels orages
Ont pavé vos chemins ?
Depuis que de ma vie
Vous avez disparu,
Eparpillés çà et là
Hors de mes paysages,
Sans remords,
Sans regrets,
Sans tapage,
Qu'êtes-vous devenus ?
Hasards furtifs,
Frêles attaches,
A peine entrevus
Au détour du chemin,
Un sourire,
Un regard,
Une poignée de main,
Rencontres évanescentes
Et puis vous avez disparu.
Laissant en vos sillages
La marque de votre passage
Vite oubliée,
Un instant retrouvée.
Qu'êtes-vous devenus ?
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J'entends les fantômes d'hier
Quand ils disaient toujours
Inconscients des voyages
Du verre fragile des mots
Ils croyaient l'arbre immortel
J'aimais déjà le vent
Et le fil insaisissable de l'eau
Je ne savais pas
Les ravages de mes étés
Combien
Je préfère le soleil
Et la simple ronde des jours
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