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    Nous buvions de l'ale au fond des pubs,

    Filles et fils d'une génération endeuillée

    Le soleil essayait encore de réchauffer la pierre

    Immémoriale des dolmens.

    De quoi bavardions-nous lorsque nos catogans

    Trainaient sur les comptoirs ?

    Les têtes de nos géniteurs

    Exposées sur les étiquettes

    Des bouteilles de scotch et de gin

    Invitaient au jeu de massacre.

    Des filles nous épiaient

    Par-delà les tains des miroirs,

    Chasseresses espérant

    Que nous tomberions ivres

    Avant que le "bang" des cymbales

    Annonce la fermeture du pub. 

    Alors nous sortions pour affronter la brume,

    Le souffle de nos bouches y dessinait des mots.

    Ils ressemblaient, nos mots,

    Aux grands éclairs d'un phare

    Au rouge du clin d'œil

    Que les filles redoutaient.

    Ils devenaient nos mots

    Criblés par la ponctuation inattendue des rots.

    Autant de mots étranges ou peut-être étrangers...

    Et le brouillard lavait maisons, tombes, jetées.

    Poètes, nous l'attendions, l'aube,

    Le drakkar avancé pour nous

    Par les mains sombres de la mer.

     

     

     

     

     


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  • La neige tombait dans son dos 

    lui qui venait d'un pays chaud

    que de tracas pour papa

    Les témoins de Jéhovah signèrent son trépas

    mais tu seras toujours là

    à mes côtés

    près de moi

    La lucha seguira

    visca catalunya

    visca el barca

    salut i força al canut

     

     

     


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  • un pan de ma vie

    a sombré

    dans le froid

    m'amplifiant de sa solitude

     

    cristaux

    perlant de bleu

    mes racines

    étoffées de l'aspérité

    du silence

     

    le tronc que la pluie

    courbe

    appelle la morte saison

     

    *

     

    sommeil apaisé

    court

    le souffle

    sur mon visage

    moi

    transpercée

    de son silence

     

    sommeil apaisé

    ma main sur son bras

    caresse inversée

     

    *

     

    j'étais bourgeon

    j'étais rameau

    j'étais branche

    j'étais tronc

    je suis arbre

    qui s'enracine

     

    *

     

    du souffle au silence

    geste brisé

    naissent les embruns

     

    vos deux mots

    abolis

    déchirent ma voix

    remplie

    d'absence

     

     

     


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  • Prise au jeu

    Du pique-nique

    De celui sur la couverture

    Agréablement étalée

    Sous leurs corps éponges

    De l'instant passage de nuages

    L'agitation de l'herbe

    Le rempart des pins

    Mur incertain

    La terre en rappel de lieu

     

    Manger

    La présence déroutante

    D'une étincelle d'amour

    Boire au verre

    Le vin tiède et l'eau du mariage

     

    Sur le qui-vive

    Se donner un peu plus

    Sans s'effondrer

    Dans la crème au chocolat

    Le Saint-Marcellin crémeux

     

    Ignorer le monde de la route

    Les chercheurs de lieux d'abandon

    Les familles bruyantes

    Le chien poursuivant son maître

    Le grillon marmonnant sa contrariété

     

    Pique-nique de perte du confort

    De rencontre intime

    De mots cassés dans du papier d'aluminium

    De rondelles de saucisson qui trottinent

    De champs de blé en farine cuite au four

     

    Le soleil a insisté sur la figure

    Rougissant la peau blanche

    Avalant la fraîcheur de la falaise de granit

    Les corps se déforment

    Reposés en coupe de fruits

    Pique tendre jeu

     

     

     


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  • Ce murmure éternel du langage

    à mon oreille

    Depuis quand est-il apparu ?

     

    Les mots se forment

    et traversent

    le corps du monde jusqu'à ma bouche.

     

    Je te regarde les yeux fermés

    du fond d'un ailleurs

    où se joue

    à être sur un bateau fantôme

    qui va au fil de la rivière,

    poème, petit saumon.

     

    Verse encore, clairs et vifs, ouverts,

    tes mots de paroles plastiques

    qui crochent et enclenchent

    des textes

    dans mon corps docile

    en attente.

     

    Poème, arbre effilé d'hiver,

    le monde est si loin dans le noir

    que je dois le porter en moi

    avec son accent et sa langue

    qui roule et s'enroule jusqu'à toi.

     

    Parce que la nuit tombe si vite,

    petit poème...

     

    Et comme un peintre chinois

    j'entre dans les pages de papier

    avec mon amoureux au bras

     

    et nous nous transformons

    en traits, en mots, en graphes.

     

    Cheminons dans le paysage

    sous les nuages

     

    dans le poème.

     


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